Julia s’est expatriée en Norvège pendant 5 ans, et est revenue en France en 2015. Elle nous raconte son expatriation, mais aussi comment elle s’est crée une activité professionnelle.

Prénom : Julia
Âge : 35 ans
Métier : Sophro-coach / entrepreneure
Situation personnelle : Mariée, 2 enfants et des rêves plein la tête :)
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Comment était ta vie avant l’expatriation ?

Assez routinière. J’avais déjà pas mal voyagé, mais je ne me voyais pas quitter Paris où j’habitais, mes amis, ma famille…
J’avais mes petites habitudes et le rythme « métro / boulot / dodo » m’allait très bien ! Et surtout, j’avais beaucoup de mal à sortir de ma zone de confort.

Est-ce que l’expatriation faisait partie de tes plans avant de le faire ?

Un beau matin, mon ami (qui est devenu mon mari depuis) m’a annoncé qu’il était muté en Norvège. Au début, je ne voulais pas partir alors nous avons prévu qu’il fasse des allers-retours le weekend… Ce qui s’est vite avéré très compliqué (la ville où il vivait se trouvait à 1 heure 30 de l’aéroport).

J’ai donc fait le choix de démissionner pour le suivre en Norvège, dans une ville que je n’avais jamais visité… Quand j’y repense, je me sens fière d’avoir eu le courage de partir à l’aventure !
Pour quelqu’un qui n’avait jamais quitté sa région, c’était un énorme challenge.

Je n’avais jamais envisagé de vivre à l’étranger et je pensais rester seulement quelques mois là-bas, le temps que mon mari retrouve du boulot en France.
Au final, j’y suis restée 5 ans !

Comment se sont passés les préparatifs du déménagement ?

Etant une femme très organisée, tout s’est très bien passé. Il faut dire que nous n’avions pas grand chose à emporter car nous avions loué un appartement meublé, cela demande moins de préparatifs.

Comme je le disais plus haut, j’ai vécu ce départ à l’étranger comme un véritable déracinement. J’avais besoin de garder des repères alors… j’ai emmené toute ma bibliothèque et mes bibelots avec moi ! Je crois bien que j’ai emmené plus de cartons de livres que de vêtements avec moi :)

Y avait-il des démarches particulières à faire/à prévoir pour ce pays ?

Côté démarche, il faut remplir une liste détaillée de tout le contenu des cartons pour les douanes. Cela se complique si on veut importer son véhicule : on peut le conserver dans le pays 2 ans sans payer de taxes, par contre après on doit verser une somme équivalente au prix du véhicule à l’argus ! Du coup, beaucoup de français préfèrent acheter une voiture qu’ils pourront revendre au moment de leur départ, ou en louer une.

A l’arrivée, il faut aller s’enregistrer au poste de police pour obtenir un « personal number », sorte de numéro de sécurité sociale sans lequel vous ne pouvez rien faire : ni ouvrir de compte, ni percevoir d’allocations, ni obtenir de numéro de téléphone…

Le gros avantage de la Norvège, c’est que la plupart des services administratifs sont regroupés ce qui facilite les démarches.

Peux-tu nous dire ce qui t’a le plus sauté aux yeux à ton arrivée dans ce pays ?

La première chose qui m’a frappé en arrivant, ce sont les grands espaces bien entendu. On se sent vraiment petit au milieu de l’immensité de ces paysages… Cette expatriation a vraiment créé un lien très fort entre la nature et moi. C’est la raison pour laquelle j’habite à la campagne d’ailleurs aujourd’hui !

Après, il y a beaucoup de choses qui sont différentes… Difficile de croire que l’on se trouve à seulement 2 heures de vol de Paris ! Déjà, la Norvège est un pays de contrastes : tout est propre, sûr et calme mais à côté de cela beaucoup de locaux sont très « bruts » : pas de « pardon » si on vous bouscule, on ne tient pas la porte… Sans méchanceté aucune, mais cela fait bizarre quand on est habitué à la politesse (bien que cela se perde en France aussi…). Par contre, ils aiment beaucoup les enfants et sont très gentils avec eux.

Et puis il y a beaucoup de drogués dans certains quartiers des grandes villes, on ne s’attend pas à voir ça.

Ce qui m’a beaucoup surpris aussi, c’est à quel point les norvégiens peuvent passer d’un extrême à l’autre : le jour, ils sont calmes, presque effacés et le soir ils boivent énormément. Et là, ils sont beaucoup plus chaleureux et extravertis !

Niveau intégration, j’avoue qu’elle n’est pas si facile. Personne ne vous rejette, les norvégiens peuvent même se montrer chaleureux à leur manière mais il est difficile de tisser des liens vraiment profonds.
Du coup, on se rabat sur les autres expats… Cela rend la vie plus légère :)

Quoi qu’il en soit, je garde un lien très fort avec ce pays et j’y repense avec beaucoup de tendresse. J’y ai eu mes deux fils pour commencer, et puis j’y ai construit mon projet professionnel, mon projet de vie en quelques sortes. Partir à l’étranger m’a amené à sortir de ma zone de confort et à révéler une part de moi que je ne connaissais pas.

Comment as-tu vécu ce « suivi de conjoint » dans un autre pays ?

Au début, très mal ! Cela a été très dur pour moi de me retrouver sans travail et avec un statut social de « femme de »… J’ai vécu de gros passages à vide et beaucoup de remises en question.
C’est fou à quel point on peut se questionner sur sa vie quand on n’a que ça à faire… Et puis j’ai décidé de me ressaisir et de profiter de mon expérience.
Le jour où j’ai décidé de lâcher prise et de changer de regard sur ma vie, tout est devenu plus facile.

Peux-tu nous raconter comment était ton quotidien, tes occupations ?

Déjà, je mettais un point d’honneur à me lever le matin afin de garder un rythme. Bizarrement, je ne me suis jamais ennuyée : j’écrivais pour mon blog (que j’ai fermé depuis) et je voyais beaucoup les autres expatriés.
Nous allions marcher, prendre un café, faire du sport, nous promener en ville… C’est très important d’être entourée lorsqu’on est loin de chez soi.
Et puis j’ai fait beaucoup de recherches pour trouver ce que je voulais faire de ma vie, cela m’a pris du temps.

Parle-nous de ton projet :)

Je voulais faire quelque chose qui me permette de me sentir utile, de contribuer à quelque chose. Je suis très empatique et j’ai un certain don pour mettre le doigt sur ce qui ne va pas chez les autres.
Alors quand j’ai décidé de chercher une nouvelle voie professionnelle, le coaching a fini par s’imposer tout naturellement à moi : je pouvais aider les femmes qui se cherchaient et me sentir utile, tout en exploitant mes talents.

Ayant fait ma formation à distance, j’ai eu envie de poursuivre cette démarche en travaillant avec des femmes expatriées.

Aujourd’hui, j’accompagne des femmes basées aussi bien en France, qu’aux US ou en Côte d’Ivoire… Je voyage sans avoir à bouger de mon bureau !

Qu’est-ce qu’il ne faut pas manquer dans ton pays d’adoption ?

– à manger

Le saumon bien sûr, le rôti de renne si on aime la viande rouge, la soupe de poissons du marché de Bergen et les « smash », sorte de gâteaux salés entourés de chocolat… Spécial, mais j’adore !

– à boire

Heu… Joker ?

– à voir

Tellement de choses ! Si je devais en choisir une seule, cela serait les Iles Lofoten aussi appelées la Petite Norvège car tous ses paysages y sont représentés. Montagne enneigées, sable blanc, eau turquoise… Un des plus beaux voyages que j’ai fait de ma vie !

– à faire

Une croisière sur les fjords, se promener à Bryggen (le port hanséatique de Bergen), visiter les Lofoten, monter sur le Preikestolen, regarder les gens défiler le jour de la fête nationale, rouler pendant des kilomètres sur une route bordée de moutons et de montagnes enneigées en plein été… Je continue ?

– à savoir

Les norvégiens ne font pas la bise, ils font des « hug » !
La vie est chère, en particulier l’alcool (très taxé) et les restaurants où on s’en tire facilement pour 80 euros par personne.
Les femmes ont un congé maternité d’un an, du coup les enfants ne rentrent à la crèche qu’à cet âge là.
Les frais médicaux sont gratuits pour les enfants jusqu’à leur majorité.
Chaque année au mois de mai, on peut voir des jeunes « RUS » un peu partout dans les rues. Ces futurs bacheliers – vêtus d’une salopette aux couleurs de leur filière – passent une bonne partie de leur temps à boire, faire la fête ou à se lancer des défis.

Pourquoi es-tu revenue en France & comment s’est passé le retour ?

Lorsque la mission de mon mari s’est terminée, nous avons fait le choix de rentrer en France. Nous avions l’impression d’avoir fait le tour de cette expatriation et nous avions envie de vivre autre chose…
Repartir sur une nouvelle mission en Norvège aurait signifié de rester 2 ou 3 ans de plus, ce que nous ne voulions pas.

Et puis nous avions envie de nous rapprocher de nos amis et de notre famille qui nous manquaient, même s’ils venaient nous voir de temps en temps…

Bien sûr nous avons été un peu tristes de tourner une page de notre vie, mais nous avons été très heureux de retrouver nos racines. Le retour s’est très bien passé, même s’il a fallu se réhabituer aux habitudes, au rythme plus soutenu et nous refaire une place au sein de notre cercle d’amis, qui s’étaient un peu habitués à vivre « sans nous ».

Tout est une question de regard je crois. Si on n’attend rien, alors on peut se réintégrer sans douleur. En revanche si on s’attend à ce que tout le monde nous attende à bras ouverts, on va à la catastrophe : déception, rancoeur et incompréhension risquent de se faire une bonne place dans notre vie !

Moi j’ai choisi de me mettre dans une position d’ouverture, et tout s’est bien passé.

Qu’est-ce qui t’as le plus manqué de ton pays d’origine ?

Ma famille, mes amis, le vin pas cher et les bons petits restaurants.

Qu’est-ce qui t’a le plus manqué de ton pays d’expatriation ?

Mes amies expatriées, la douceur de vivre et la nature omniprésente.

Etait-ce important pour toi de revenir dans ton pays d’origine ?

Oui, pour recharger mes batteries au contact de ma famille et lancer mon activité. A présent, je suis prête à repartir :)

Quels sont tes conseils pour ceux qui souhaitent s’expatrier de manière générale ou dans ton pays d’adoption ?

Je n’ai pas vécu d’expatriation très exotique, donc je ne permettrait pas de faire de raccourcis… Ce que je peux dire par rapport à ce que j’ai vécu et à ce que les autres expatriés autour de moi m’ont dit, je crois qu’il faut partir avec un regard neutre : ne rien attendre, garder les yeux grands ouverts et rester ouverte aux opportunités. Derrière chaque difficulté, il y a une opportunité d’apprendre quelque chose et de découvrir des facettes de soi que l’on n’aurait jamais soupçonnées.

Tout ne sera pas rose, le choc culturel risque d’être brutal, vous pouvez vous sentir (très) seule aussi parfois… mais croyez moi : on finit par s’habituer à tout. Cela peut prendre du temps mais vous verrez, un matin vous vous réveillerez et vous vous direz : ça y est, ça va mieux.

Personnellement, j’ai déménagé plus de 10 fois dans ma vie, et j’ai toujours su me réadapter. Ce qui m’a aidé, c’est que j’ai abordé chaque nouvelle expérience avec beaucoup de curiosité et que j’ai su faire preuve de bienveillance envers moi-même.

Comment as-tu appréhendé la langue de ton pays d’adoption ?

Heu, joker :) Bon, j’avoue j’ai essayé… J’ai pris quelques cours et je connaissais quelques mots. Quand je suis partie, je comprenais presque ce que l’on me disait ou ce que j’entendais à la radio.
Je dois dire pour ma défense que les norvégiens parlent très bien anglais… Les jeunes, les vieux… Du coup j’ai fait des progrès spectaculaires dans cette langue, c’est déjà ça !

T’y es-tu fait des amis ?

Oui, beaucoup et presque exclusivement des expatriés. Il n’y a pas de secrets, si vous voulez rencontrer des gens quand vous êtes loin de chez vous, il ne faut pas attendre qu’ils viennent à vous.
En tous cas en Norvège, il n’y a pas autant de facilités que dans d’autres pays où on vous accueille et où on vous prend en charge…

La première chose que j’ai fait à mon arrivée a été de poster des messages sur le groupe FB de l’alliance française, ce qui m’a permis de rencontrer beaucoup de femmes de toutes les nationalités : française bien sûr, canadienne, mauricienne, italienne… Je me suis créé un petit groupe sympa et je suis fière d’avoir aidé certaines d’entre elles à devenir amies.

Les conjoints jouent aussi un rôle important. J’ai demandé à mon mari de me mettre en contact avec les femmes de ses collègues, ce qui m’a permis de lier d’autres amitiés.

2 commentaires

  1. Leslie

    Comme par hasard, je tombe sur le portrait d’une femme d’expat en Norvège. J’y ai habité 6 mois (en suivi de conjoint pour moi aussi) car je voulais absolument découvrir cette superbe culture. J’ai toujours été amoureuse de la Scandinavie. Si j’en ai l’occasion, c’est idéalement là-bas que j’aimerais repartir !

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