Si vous me suivez sur mon compte Instagram @MadameDree, vous avez probablement remarqué que mon mari et moi possédions une imprimante 3D (en réalité nous en avons deux, mais une est prête tandis que l’autre nécessite encore des ajustements et paramétrages). Avec le confinement et le manque de protections, nous avons décidé de participer à notre manière : nous imprimons des « faceshield » (visières) pour le NHS (système de santé anglais) depuis environ un mois.

Tout a commencé il y a fin mars / début avril, avec l’angoisse du confinement, de ne rien maîtriser et de ne pas savoir si on pouvait vraiment sortir. Les risques paraissaient trop grandss, pourtant beaucoup continuaient de sortir. Mon mari et moi avions très envie de participer, nous avons vu de nombreux groupes se former décidant d’imprimer des masques, des visières, et même des valves pour les respirateurs…

Dans un premier temps, nous nous sommes posé beaucoup de questions. Car certes c’est super de créer des équipements, mais nous ne voulions pas « faire pour faire » : était-ce ce dont le personnel de santé avait besoin ? Comment choisir le bon modèle parmi tous les modèles existants ?

Pour sûr nous ne voulions pas imprimer de valves pour respirateurs. Même si sur le principe c’est génial, mais l’impression 3D « at home » n’est pas infaillible, il y a beaucoup de bugs, de petits ou grands problèmes et nous ne voulions pas risquer des vies en imprimant « peut-être) des valves défaillantes. C’est une responsabilité que nous ne sommes pas prêts à prendre.

Dans ce second temps nous cherchions des groupes déjà créés et ayant des directives claires. Ainsi nous pouvions imprimer ce qui était nécessaire et surtout demandé.

Nous avons alors trouvé un groupe de makers local appelé « Key workers PPE 3D support ». L’idée étant que ceux ayant besoin de visières (entre autres) passent une commande par email, et une fois que le nombre d’éléments demandé a été atteint, la commande est complétée et leur est envoyée.

Plusieurs personnes sont à la tête de ce groupe. Certains commandent le PLA (le filament qu’on utilise pour imprimer), suivre les demandes de PLA, et les livrer aux makers. Il y a également la collecte des éléments imprimés, mais également le nettoyage et la préparation des commandes (nettoyage, comptage, emballage, dépôt au Post Office, etc).

C’est un boulot énorme pour ceux qui organisent tout cela ! C’est vraiment impressionnant.

Darren, celui qui dirige le groupe est passé dans une émission de radio locale si ça vous tente de l’écouter (en anglais) par ici.

De notre côté on imprime en continu (sauf la nuit, d’une parce qu’il y a toujours des risques que l’impression se passe mal, et de deux parce que ça fait tout de même beaucoup de bruit, sachant que l’imprimante 3D se trouve dans notre « dining room », soit juste en-dessous de notre chambre). Sur le principe c’est assez simple et cela fonctionne comme une imprimante normale. On récupère un fichier dans un format particulier, on configure l’impression, et hop. Avec notre imprimante nous en imprimons une toutes les 1h30 environ, selon l’heure à laquelle on commence on en sort 7 à 12 par jour.

On imprime, on vérifie tout au long de l’impression que ça se passe bien, car il peut y avoir plein de problèmes qui surviennent : l’imprimante a pu avoir un choc, et le socle sur lequel on imprime est trop haut ou trop bas (ça se joue à quelques millimètres), un câble mal branché, un manque de PLA, … le PLA qui colle mal au socle… Du coup il faut bien surveiller.

Nous stockons alors les visières correctement imprimées dans un carton, et lorsqu’on en a un stock conséquent, on fait une session vérification et limage. Le but étant de limer toutes les parties qui pourraient trouer les gants du personnel qui les portera.

Puis nous faisons des lots de 10 visières qu’on noue ensemble, et on les stocke à nouveau en attendant d’en avoir assez pour demander une collecte.

En général la personne qui vient collecter les visières nous dépose un nouveau rouleau de PLA, et on recommence.

Ces impressions vont servir de visières et ont besoin d’avoir une partie en plastique devant, pour faire office de visière justement. Dans le groupe, certaines personnes n’ont pas d’imprimante 3D mais s’occupent de faire les découpe des morceaux de plastiques (ce sont des « feuilles » transparentes pour rétroprojecteur).

Nous en avions pu en acheter une cinquantaine il y a un mois, ce qui nous a permis de faire des visières complètes. Nous en avons fournies plusieurs à la pharmacie du coin, ainsi qu’à la factrice, et même une trentaine aux urgences de l’hôpital de Cambridge !

https://twitter.com/MadameDree/status/1256494219109314562

Sans compter ce que le groupe a déjà envoyé, plus de 4500 visières au total !

Au moment où je vous parle nous en sommes à 193 faceshields imprimés, nous atteindrons les 200 demain. Nous sommes vraiment heureux de pouvoir participer à notre manière !

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