Au tour de Lucie pour nous parler de son aventure de l’expatriation en Angleterre, où elle vit déjà depuis 7 ans !


Prénom: Lucie
Âge: 30 ans
Situation professionnelle: Senior Search Strategist / Employée en full-time
Situation personnelle : en couple, sans enfant et pas d’animaux non plus.
Blog
Expatrié(e) en Angleterre depuis 2010 .

Avant de venir en Angleterre, j’avais passé un an en Roumanie en Erasmus (cours suivis d’un stage). En arrivant en Angleterre j’étais étudiante à l’Université de Nantes et je devais effectuer mon stage de M2 à l’étranger. Dans la mesure où je faisais des études de langues étrangères c’était logique de partir à l’étranger pour des périodes prolongées et régulièrement. En gros, j’étais étudiante.

 

Qu’est-ce qui t’a amené(e) à t’expatrier ?

Au tout début, c’était pour les études. Etudiante en langues étrangères, c’était logique. Cependant, j’aurais pu décider de rentrer une fois mes stages obligatoires effectués mais je ne l’ai pas fait. Même si à la base, je comptais rentrer, j’ai rencontré mon copain (britannique) donc j’ai changé de plan.
Il se trouve qu’à l’époque j’ai aussi eu plus de facilité à trouver un emploi en Angleterre qu’en France. J’avais cherché dans les deux pays. Vu que j’avais mon prêt étudiant à rembourser, ça a aussi pesé dans la balance.

Depuis combien de temps vis-tu là et combien de temps comptes-tu rester ?

Je suis maintenant en Angleterre depuis plus de 7 ans.

Tu m’aurais posé la question avant juin 2016, je t’aurais dit oui. Depuis que le vote du Brexit est tombé, je refléchis un peu plus et pose le pour et le contre. Le fait est que pour l’instant, j’aime ma nouvelle ville (j’ai quitté Londres pour Ipswich en Octobre 2016), j’adore mon job et ma boîte, ma petite routine ici donc à priori, je n’ai pas vraiment de raisons de vouloir aller voir ailleurs. Et puis, il y a aussi mon copain qui est toujours britannique, il faut bien le prendre en compte aussi.

L’expatriation était quelque chose que tu voulais tenter ?

Quand j’étais petite, je voulais vivre dans tous les pays, entre 6 mois et 1 an histoire de mieux comprendre chaque culture.  Depuis l’adolescence, je dirais, ça a toujours été dans un coin de ma tête. C’est d’ailleurs pour ça que je me suis orientée vers les langues étrangères et le commerce. C’est une filière qui permet de bouger.

Comment se sont passés les préparatifs du déménagement ? Tu peux nous raconter ?
J’ai rempli ma valise et je suis montée dans l’Eurostar. Honnêtement, je ne suis pas un bon exemple ! J’étais encore étudiante à l’époque où je suis partie et j’avais déjà vécu un an à l’étranger avant donc je n’avais rien à résilier, pas d’emploi à quitter…

Y avait-il des démarches particulières à faire/à prévoir pour ce pays ?

En Angleterre, les démarches sont très simples: quand on est français, il faut juste un passeport européen. A l’arrivée on s’inscrit au Job Centre du coin pour obtenir son National Insurance Number. C’est un peu le numéro de sécu anglais, qui permet notamment de travailler légalement ici et de payer ses taxes. Ca reste comme ça pour le moment mais j’imagine qu’une fois qu’ils seront vraiment sortis de l’Union Européenne, il y aura aussi du changement.

Après dans la liste des choses à prévoir, je dirais qu’il faut penser à adapter son CV au format britannique et non pas seulement le traduire. C’est important mais beaucoup de gens pensent que la traduction suffit. Après, il faut penser à toute la logistique: se dégoter un numéro de téléphone britannique pour qu’on vous appelle si vous êtes retenu pour un entretien d’embauche, se trouver un logement sans se faire arnaquer, ouvrir un compte en banque…

Comment t’es-tu intégrée ?

Pour ce qui est de la langue, ça allait vu que j’avais fait pas mal d’anglais avant de venir en Angleterre. Après, j’ai quand même mis du temps à comprendre certains accents (je ne comprends toujours pas certains accents d’ailleurs), l’humour…Donc d’un point de vue linguistique, je n’ai pas pris trop dur.

Socialement, non plus en fait parce qu’à Londres on rencontre beaucoup de gens et très facilement. Après, transformer ses rencontres en amis, c’est une autre histoire. Beaucoup de rencontres se font via le travail ou certaines activités comme le sport. Pour ce qui est du travail, je suis passée par 5 emplois à Londres donc à chaque fois j’ai lié connaissance avec mes collègues. J’ai aussi mon amie d’enfance qui vit à Londres, et honnêtement, de temps en temps, ça fait plaisir de voir quelqu’un qu’on connait depuis longtemps: on se connait depuis 17 ans!

Depuis que je suis à Ipswich, c’est autre chose. L’environnement international et cosmopolite qu’on connait à Londres n’existe pas ici donc j’ai dû être un peu plus proactive. En plus des sorties avec les collègues (heureusement, ils sont très sociable), je me suis mis au yoga, on a un groupe sympa et on se voit toutes les semaines donc ça fait voir du monde. Après, je me suis aussi inscrite sur meetup.com. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un site où l’on peut rejoindre des groupes de gens dans sa ville pour aller faire des trucs ensemble. Forcément, à chaque rendez-vous, il y a des gens avec qui l’on accroche plus que d’autres et on finit par se voir en dehors pour faire nos propres trucs.

Qu’est-ce qui a changé dans ta vie depuis que tu es expat’ ?

Honnêtement, c’est difficile à dire vu que je suis passée d’étudiante en France à expat’ en Angleterre directement, c’est différent je pense pour quelqu’un qui a sa vie en France depuis plusieurs années et qui quitte tout pour aller vivre ailleurs.

Je dirais que le plus gros changement s’est fait progressivement au niveau de ma personnalité. Ceux qui me revoient maintenant après avoir été plusieurs années sans me voir trouvent que j’ai pas mal changé: plus d’assurance, pas peur de foncer…Pour vous donner une idée en 7 ans en Angleterre, j’ai connu: me retrouver à la rue sans préavis (rien de trop grave hein, j’ai eu du soutien à ce moment là), un licenciement économique, 6 déménagements, 6 emplois différents et sûrement d’autres choses auxquelles je ne pense plus. Ca apprend à gérer le stress et à relativiser. On a beaucoup plus de ressources qu’on pense.

Comment as-tu réussi à concilier vie perso / expat / vie pro ?

Bon, je vais répondre quand même, même si je n’ai pas suivi mon conjoint: je crois qu’il n’y a pas vraiment de différence entre la vie d’expat et la vie en France: on fait plus ou moins la même chose qu’on ferait au pays mais dans une langue étrangère et parfois avec des différences culturelles à gérer. Je travaille du lundi au vendredi, je fais mes courses et je fais du sport tout comme je le ferais en France. Sauf que le vendredi soir, je finis au pub du coin avec mes collègues. Depuis que je vis à Ipswich, je n’ai même plus de temps à passer dans les transports en commun donc au final, j’ai encore plus de temps libre que quand j’étais à Londres.

As-tu eu des inquiétudes, des moments de solitude ?

Oui, et c’est normal je pense d’avoir des doutes, de se sentir seul et de douter aussi. Pour être parfaitement honnête, ça ne m’arrivait pas si souvent que ça pendant mes 5 premières années en Angleterre mais ces deux dernières années je me pose de plus en plus de questions: est-ce que j’ai envie de rester pour toujours ici? Est-ce que ça valait le coup de perdre la plupart de mes amis en France? (il ne faut pas se leurrer, après plusieurs années sans voir ses amis régulièrement un écart se creuse et on ne s’entend plus de la même façon avec ceux qui sont restés derrière), même question avec la famille, qu’est-ce qui va se passer plus tard avec ma retraite (ouais, la question d’adulte par excellence !), est-ce que j’ai envie de m’investir encore et dans le long terme dans un pays qui va quitter l’UE? Est-ce qu’il ne faudrait pas penser à prendre la double nationalité? Qu’est-ce que ça aurait donné si j’étais restée en France? Et plein d’autres questions.

Enfin un peu de soleil dans l'Est de l'Angleterre! #ipswich #eastanglia #england #lazysunday #angleterre #sunday

Une publication partagée par Lucie Oge (@mytourduglobe) le

4

Quelles étaient tes peurs / envies / projets ?

Comme je te le disais plus haut, je suis partie sans trop réfléchir après avoir passé ma soutenance de M2. Donc en partant, je n’avais pas vraiment réfléchis à un projet en particulier, ni à mes peurs. Disons qu’à l’époque mon projet c’était de trouver un job rapidement et de rembourser mon prêt étudiant aussi vite que possible. Et de retrouver l’English Boyfriend. Franchement, on a fait mieux comme plan. Maintenant, tout ça c’est fait donc je m’interroge sur la suite. Je n’ai pas encore de plan pour les 5 prochaines années…

Qu’est-ce qui te manque le plus de ton pays d’origine ?

Mes proches et la cuisine française. Ca fait très cliché mais je pense que tu pourrais poser la question à n’importe quel français qui vit en Angleterre et tu aurais la même réponse.

Te vois-tu revenir dans ton pays d’origine un jour ?

Peut-être un jour qui sait. J’adore ma région d’origine (Pays de la Loire) et particulièrement Nantes, si la bonne opportunité se présentait dans le coin, peut-être que j’y réfléchirais.

Qu’est-ce qu’il ne faut pas manquer dans ton pays d’adoption ?

à manger: bon, j’habite en Angleterre donc la cuisine…Non, je rigole. Personnellement, je recommande: l’english breakfast, les Sunday roasts dans un bon pub, les tourtes en général, le fish & chips est pas mal mais il faut en trouver du bon sans quoi on peut être malade après. En dessert: j’adore les Bakewells (un gateau avec des amandes et de la confiture au milieu), le shortbread et les crumbles. En fait la cuisine anglaise n’est pas mauvaise comme on l’entend souvent, elle est juste un peu lourde. Le mieux c’est d’aller dans un peu et de regarder le menu: c’est de la cuisine typiquement anglaise la plupart du temps.

– à boire: alors, je ne bois pas de bière mais apparemment, ils en ont plein qui valent le coup. Ils ont plein de bons cidres sinon et selon les régions, on trouve des jus de fruits produits sur place dans les fermes du coin. Ah oui, et le thé évidemment.

– à voir: Londres (n’importe où), les Cotswolds, Devon, les villes de Cambrige, Oxford, Bath, Norwich, Salisbury, Bristol & Liverpool. Ma région: Suffolk, qui est très “underrated”, même les anglais n’y vont pas ! Et c’est bien dommage parce qu’il y a beaucoup de choses à voir/faire dans le coin, surtout si l’on aime les activités en plein air.

– à faire: vu que tout le monde connaît déjà Londres, je vais te parler de Suffolk, là où j’habite maintenant. Ici, c’est surtout des activités en plein air comme de la randonnée (à pied, à cheval, à vélo…), des activités nautiques (on a la rivière Deben et la rivière Orwell dans le coin), des concerts (dans beaucoup de pubs, il y a des groupes qui jouent le week-end), des visites culturelles: visiter les petites villes typiques de la région (Woodbridge, Bury St Edmunds ou Norwich un peu plus loin). Il y a aussi la mer à proximité et les superbes côtes de Norfolk dans le nord d’East Anglia. C’est très peu touristique, tout simplement car sans voiture c’est difficile d’accès, mais qu’est-ce que c’est beau dans le coin!

– à savoir: East Anglia, et Ipswich est à seulement 1h de Londres en train et les gens utilisent parfois des expressions locales que je n’avais jamais entendu avant. Par exemple, l’autre jour je devais rejoindre un ami au pub et j’ai reçu un message me disant “sorry, I’m on the drag” pour me dire qu’il serait en retard. C’est l’équivalent de “sorry, I’m late”. Et il y en a d’autres que j’ai oublié.

Plus généralement sur l’Angleterre: les anglais sont sympa et ouverts d’esprit (oui, je sais le vote sur le Brexit pourrait laisser penser le contraire mais je n’ai jamais eu de mauvaises experiences avec eux, après c’est mon expérience personnelle). Et généralement ici, tout est plus “straightforward” notamment au boulot: on te laisse ta chance et c’est à toi de prouver ta valeur. Je me souviens qu’à la sortie des études, c’était une grosse différence entre la Frane et l’Angleterre.

Streets of London / Dans les rues de Londres #london #streetsoflondon #phonebooth #britain #commute #viedexpat

Une publication partagée par Lucie Oge (@mytourduglobe) le

Quels sont tes conseils pour ceux qui souhaitent s’expatrier de manière générale ou dans ton pays d’adoption ?

Ne partez pas à l’arrache comme j’ai pu le faire, ce n’est pas très intelligent. Pensez bien à régulariser votre situation en France et préparez-vous autant que possible avant de partir: traduisez & adaptez votre CV au format britannique, ayez suffisamment d’économies pour pouvoir payer votre caution et premier mois de loyer (dans l’idéal, de quoi payer plusieurs mois de loyer d’avance, on ne sait jamais).

Si comme moi, vous avez une maladie qui requiert un traitement permanent, parlez à votre médecin en France pour obtenir quelques mois de médicamments d’avance histoire de vous donner le temps de vous trouver un GP en Angleterre. Demandez aussi à votre docteur de vous donner le nom scientifique des composants de votre traitement car les marques ne sont pas forcément les mêmes d’un pays à l’autre (tandis que le principe actif, lui, ne change pas). D’ailleurs au passage, en Angleterre si vous avez une maladie suffisamment sérieuse (et qui requiert un traitement permanent), demandez à votre GP de remplir un formulaire pour obtenir votre “NHS Medical Exemption”, une carte à montrer à votre pharmacien en collectant votre traitement et qui vous permet de ne pas payer l’ordonnance (ici, on paie pour chaque ordonnance, 8 GBP je crois). Cette carte est valable 5 ans et peut se renouveler.

Comment as-tu appréhendé la langue de ton pays d’adoption ?

Ayant fait une fac de langues étrangères et un an à l’étranger avant de m’installer en Angleterre, je n’ai pas eu trop de problèmes en arrivant. Sauf avec certains accents (vous avez déjà entendu l’accent de Sheffield?!!) et certines expressions régionales mais bon, on apprend au fur et à mesure.

T’y es-tu fait des amis ?

Oui quand même ! Ce n’est pas toujours évident au début, en arrivant il faut se trouver un job, un logement, s’inscrire ici et là et honnêtement, pendant cette période, c’est difficile de penser à sa vie sociale. Mais une fois qu’on est installé, il suffit de sortir régulièrement et de dire “oui” aux invitations pour rencontrer du monde. Evidemment, se faire de vrais amis, ça prend du temps mais ça, c’est partout pareil.

2 commentaires

  1. Une Porte Sur Deux Continents

    Merci de nous faire découvrir la trajectoire de Lucie que je suis avec plaisir depuis quelques années. L’expatriation est toute une aventure, mais l’avantage pour les Français qui s’établissement à Londres c’est qu’on est vite en France grâce au train ou à l’avion pour retrouver ses proches au moins quand on le souhaite.

    Répondre

Déposer un commentaire

  • (ne sera pas publié)